28 juillet 2020 – Changement climatique et ressource en eau

Ce 28 juillet 2020 marque les 10 ans de la reconnaissance du droit à l’eau par les Nations Unies. Ce droit “consiste en un approvisionnement suffisant, physiquement accessible et à un coût abordable, d’une eau salubre et de qualité acceptable pour les usages personnels et domestiques de chacun”. Mais face au changement climatique et aux multiples dégradations de l’environnement, à quels défis fait face ce droit fondamental et qui sont les premiers touchés ?

Augmentation ou diminution des précipitations, hausse du niveau de la mer, modification de la qualité de l’eau… En France, les impacts du changement climatique sur les ressources en eau ont déjà des conséquences : changement des milieux aquatiques et de leur biodiversité, baisse de disponibilité d’une eau de qualité, plus forte concurrence entre secteurs. En France métropolitaine, 2,1% de la population ne bénéficie pas d’un accès à une eau potable gérée en toute sécurité. Et les inégalités sont frappantes entre le territoire métropolitain et les outre-mer. A Mayotte par exemple, environ 41 000 personnes n’ont pas accès à des services d’eau potable gérés en toute sécurité. Cette revue de presse revient sur les problématiques liées à la ressource en eau face au changement climatique.
 
Pour combattre les inégalités sociales climatiques et environnementales, il nous faut les connaître. C’est le sens de cette revue de presse élaborée par les bénévoles de Notre Affaire à Tous, qui revient chaque mois sur les #IMPACTS différenciés du changement climatique, sur nos vies, nos droits et ceux de la nature.
 
Pour en savoir plus sur les 10 ans de la reconnaissance du droit à l’eau, nous vous invitons à visiter le site de la campagne “L’eau est un droit” portée par plus de 30 associations.
Selon le rapport des Nations Unies sur l’eau et les changements climatiques, au cours des 100 dernières années, l’utilisation de l’eau dans le monde a été multipliée par six et continue d’augmenter de 1% par an. Le droit à l’eau potable et à l’assainissement est un droit de essentiel à la jouissance de la vie et à l’exercice des droits humains. Dans un rapport publié le 22 mars 2020, l’ONU signale que “les changements climatiques affecteront la disponibilité, la qualité et la quantité d’eau nécessaires aux besoins humains élémentaires, portant ainsi atteinte à la jouissance des droits fondamentaux à l’eau potable et à l’assainissement de milliards de personnes” et les auteurs du rapport appellent à un engagement plus concret des États pour relever ce défi.
 
De nombreuses régions du monde connaissent déjà des situations de stress hydrique qui sont aggravées par les dérèglements climatiques. Les évènements climatiques extrêmes, les pollutions et la dégradation de écosystèmes ont des conséquences graves sur la disponibilité, la qualité et la quantité d’eau nécessaire pour répondre aux besoins de base des humains. Le changement climatique a un impact direct sur le cycle de l’eau et les conséquences du dérèglement climatique sur l’accès à l’eau, les services d’eau et d’assainissement seront importants y compris en France.
 
→ DECRYPTAGE : Les chiffres de l’accès à l’eau et à l’assainissement en FranceA l’été 2003, la vague de chaleur prolongée a forcé l’entreprise EDF à réduire sa production d’énergie nucléaire, équivalant à la perte de 4 à 5 réacteurs et coûtant près de 300 millions d’euros en importation d’électricité.
La pénurie d’eau menace 1/4 des êtres humains dans le monde et la population française ne fait pas exception. 37 milliards de mètres cube d’eau sont prélevés chaque année en France, alors que cette année encore la sécheresse menace plus de la moitié de la France métropolitaine. En effet, les sécheresses, de plus en plus fréquentes, ont un impact direct sur la quantité d’eau disponible et donc sur l’accès à l’eau potable des habitant-es. Contrairement aux idées reçues, le fait d’être un pays riche ou d’avoir une pluviométrie relativement importante en hiver n’est pas suffisant pour assurer un accès à l’eau potable à toutes et tous.
 
En 2019, la France se classait ainsi 59ème parmi les Etats les plus touchés par les risques de pénurie hydraulique, ce qui ne prend pas en compte les diversités situationnelles locales. En 2016 déjà, un rapport sénatorial alertait sur les risques du manque d’eau en France. Les régions du Sud du pays risquent de voir leurs ressources en eaux, tant de surface que souterraines, diminuer, notamment avec la baisse de la recharge par les précipitations. Ces risques se sont concrétisés à plusieurs reprises au cours des dernières années et les problèmes d’accès à l’eau ont été particulièrement importants aux étés 2018 et 2019, marqués par de très fortes chaleurs. Des communes ont alors connu des pénuries d’eau potable, atteignant leur « Jour 0 », jour où l’eau ne sort plus des robinets, comme en Corrèze. Un reportage de France 3 s’intéressait d’ailleurs au ravitaillement par camion-citerne de certaines villes de Franche-Comté, comme Besançon.
 
A l’image des deux derniers étés, ce 24 juillet 2020, la Meuse et les Vosges ont aussi instauré des restrictions d’eau “en raison d’un déficit pluviométrique”. Les problèmes d’accès à des quantités d’eau deviennent plus fréquents dans de nombreux territoires français en métropole, comme dans les Deux-Sèvres, dans la Vienne ou encore à Valenciennes l’année dernière, mais aussi en Outre-Mer comme à Mayotte où les habitants manquent déjà d’eau, tandis qu’en Nouvelle-Calédonie, l’île d’Ouvéa a vu ses puits d’eau douce s’assécher ou être contaminés par l’eau salée, obligeant à redéfinir les modalités d’approvisionnement de l’île.
 

En Guadeloupe, la situation est particulièrement inquiétante. En 2018, un rapport de l’observatoire régional de l’énergie et du climat faisait état de la vulnérabilité de la Guadeloupe au changement climatique et s’attachait à étudier les particularités de la région en termes d’accès et de qualité de l’eau. La teneur en sodium et chlorure et la salinisation des nappes souterraines à cause de la hausse du niveau des mers sont deux phénomènes qui accentuent la vulnérabilité de ce territoire qui est déjà soumis à une forte irrégularité spatiale des précipitations. Un autre rapport de l’Office de l’eau de Guadeloupe, publié en septembre 2019 conclut que la Guadeloupe fait face à “une dégradation généralisée des masses d’eau”. En cause principalement, l’activité anthropique et notamment l’agriculture, l’assainissement et l’industrie.

Le changement climatique a un impact important sur l’eau qui perd en qualité et est de plus en plus sujette à porter des maladies. Celles-ci vont d’ailleurs augmenter dans un futur proche alors même que l’eau insalubre est une des causes de mortalité infantile les plus importantes au monde, loin devant les conflits armés.
 
Les événements “exceptionnels” rendus plus fréquents jouent négativement sur la qualité de l’eau. Les crues et les inondations charrient de nombreux déchets qui se retrouvent ensuite dans le réseau, rendant l’eau impropre à la consommation. Les fortes pluies entraînent des dysfonctionnements des stations d’épuration qui ne sont pas dimensionnées pour ces quantités. Elles peuvent alors déborder dans les égouts, comme à Biarritz en juillet 2019. A l’inverse, la sécheresse et son augmentation entraînent un épuisement des ressources en eaux profondes, ce qui amène les populations à consommer des eaux de surfaces souvent insalubres. La chaleur pourrait aussi provoquer, prédit le GIEC, la prolifération de bactéries dans les canalisations avant la distribution de l’eau au robinet. D’autres bactéries envahissent la mer, comme E.Coli, qui provoque des gastro-entérites et autres infections, en raison de l’augmentation de la température de l’eau.
 
Par ailleurs, notre eau du robinet est-elle consommable sans risque ? Le Ministère des Solidarités et de la Santé affirmait en octobre 2019, que “l’eau du robinet est l’un des aliments les plus contrôlés. Elle fait l’objet d’un suivi sanitaire permanent, destiné à en garantir la sécurité sanitaire”. Les agences régionales de santé assurent les contrôles sanitaires commune par commune. Mais cela n’empêche pas les consommateurs de s’inquiéter pour leur santé, comme le montre la plateforme #AlertePollution de FranceInfo. Peur des micro-organismes, des pesticides, du plomb… les citoyen-nes français veulent être informé-es de l’eau qu’ils consomment.
 
UFC Que Choisir a réalisé une carte interactive de la qualité de l’eau en France pour permettre à toute personne de vérifier la qualité de l’eau près de chez eux. Les pollutions liées aux activités humaines sont principalement dues à l’agriculture intensive et aux pesticides déversées dans les eaux de surface. Les rivières et les nappes phréatiques sont durement touchées par les pesticides issues de l’agriculture.
 
Les pollutions par les activités humaines sont aussi issues de l’extractivisme. L’extractivisme désigne l’exploitation intensive des minéraux (minerais, hydrocarbures et gaz). Les mines à ciel ouvert où les forages de gaz de schiste sont des exemples d’industries extractives. L’extractivisme a des conséquences néfastes sur l’environnement, et plus particulièrement sur l’eau : pollutions de l’eau au cyanure, déversement de boues toxiques, acidification des eaux de surface et souterraines.
 
La France a une longue histoire minière et son territoire en est marqué. Les anciens sites miniers sont durablement pollués, même plusieurs siècles après la fin de leur exploitation. Aujourd’hui, alors que le cours de l’or et des métaux rares augmente, de nouveaux projets miniers voient le jour. La Guyane en fait particulièrement les frais : les mines d’or comme le projet “Montagne d’or” et l’orpaillage illégal contribuent à la déforestation en Amazonie. “Comme toutes les industries minières, les mines d’or utilisent beaucoup d’eau. Dans le monde, une grande partie des mines d’or sont situées dans des zones de stress hydrique”. Les peuples autochtones sont les premiers touchés : le mercure, qui permet d’extraire l’or, pollue les eaux fluviales, qui contamine les écosystèmes et les poissons dans les fleuves. Le régime alimentaire des populations autochtones du Haut Maroni, basé sur la pêche, a pour conséquence un “taux d’imprégnation au mercure les plus élevés” chez cette population. Les enfants peuvent en souffrir car le mercure agit sur le système nerveux central, ce qui peut altérer le développement des plus jeunes et produire des malformations congénitales. Comme le décrit France Nature Environnement, “l’ouverture et la profondeur de la mine entraînent des risques de pollution, comme le perçage de nappes phréatiques et le drainage minier acide”. Malgré “l’abandon” de Montagne d’or en mai 2019, d’autres projets miniers voient le jour comme le projet “Espérance”, sur les rives du fleuve Maroni. Une aberration écologique mettant en danger la vie des populations.


En France métropolitaine aussi, l’extractivisme ravage. Dans l’Aude, après 90 ans d’extractions sur la “Montagne noire”, la vallée de l’Orbiel est polluée par l’arsenic, le soufre et le plomb. Comme pour les mines d’or, les polluants issus de la mine se déversent avec l’eau de pluie dans les rivières. En 2004, “l’Ademe estimait qu’environ 2,5 tonnes d’arsenic se déversaient chaque année dans l’Orbiel. Aujourd’hui, ces eaux présentent à certains endroits une concentration moyenne en arsenic de 600 microgrammes, soit 60 fois plus que le seuil de potabilité”. En Bretagne, en Ariège, dans le Nord ou dans le Limousin, les mêmes problématiques se posent et le silence des autorités sur les conséquences néfastes de l’arsenic met en danger la population souvent ignorante de ces dangers.

Les migrants et déplacés climatiques : de nombreux migrants et déplacés climatiques quittent ou quitteront leur lieux de vie en raison des difficultés d’accès à l’eau potable et à l’assainissement. C’est déjà le cas dans certains pays, comme en Inde où des milliers de villages ont été abandonnés par leurs habitants en raison du manque d’eau. Ailleurs, comme au Darfour et en Syrie, l’accès aux réserves d’eau potable a alimenté pendant des années le conflit armé. Si les trois régions les plus touchées selon les prévisions seront l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud et l’Amérique latine, l’Europe et la France ne seront pas épargnées par ce phénomène de migrations, conséquence du changement climatique sur les ressources en eau.
 
Or, les personnes déplacées ou en migration voient déjà aujourd’hui leur droit à l’eau et à l’assainissement fortement impacté par l’évolution du climat. Le changement climatique a un impact sur l’approvisionnement en eau des déplacés et réfugiés partout dans le monde, en réduisant les ressources d’eau potable mais aussi en contaminant les sources et nappes phréatiques, comme le souligne l’UNHCR. C’est le cas par exemple ces dernières années en Centrafrique et au Nigéria. L’augmentation du nombre de réfugiés dans les années à venir, certains fuyant des zones asséchées à la recherche d’eau potable, créera une pression supplémentaire sur les ressources existantes allouées à ces personnes.
 
Les sans-abris : alors que l’attention médiatique sur les personnes sans-abris se concentre sur la période hivernale, la chaleur est également dangereuse. Déjà touchés par les difficultés d’accès à l’eau lors des canicules, les personnes vivant dans la rue font partie de celles les plus à risque face à l’impact du changement climatique sur les ressources en eau puisque, sans domicile alors que les accès publics à l’eau diminuent, ils sont vulnérables à la déshydratation et à l’hyperthermie.
 
De plus, en été, les services fournis aux personnes sans-abris le reste de l’année ont tendance à ralentir. Chantal Coquillon du Secours Catholique à Marseille explique d’ailleurs que dans la 2ème plus grande ville de France, “la plupart des petites associations stoppent leurs actions en juillet et août, faute de volontaires”. Ce qui renforce les situations de fragilité puisque peu de points d’eau et de sanitaires gratuits sont mis à disposition. Dans la capitale au contraire, les points d’eau gratuits sont beaucoup plus nombreux, 1200 au total. Pour Jean-Baptiste Butlen, directeur général adjoint d’Eau de Paris, “la ville est pionnière en la matière”.
 
Les plus pauvres : l’eau est déjà une ressource à l’accès difficile pour de nombreuses personnes dans le monde, que ce soit pour boire, aller aux toilettes ou se laver. Dans le monde, plus d’un milliard de personnes en zone rurale doivent déféquer en plein air, ce qui a d’importantes conséquences sur leur santé, leur intimité et même leur sécurité physique. L’impact du changement climatique sur les ressources en eau rendront cet accès encore plus difficile. Or, en économie marchande, la rareté va souvent de paire avec un prix élevé. Le gouvernement lui-même envisageait une tarification de l’eau plus élevée en été qu’en hiver, afin de mieux gérer cette ressource et éviter les gaspillages estivaux. Mais au-delà des gaspillages, c’est l’accès à cette ressource des personnes les plus pauvres qui pourraient être compromis.

 

En France, “avoir un toit au-dessus de sa tête ne garantit pas un accès à l’eau suffisant”. En moyenne, les Français-es dépensent 1,1% de leur budget pour l’eau, “mais deux millions de ménages y consacrent plus de 3 % de leurs revenus”.
 
La précarité hydrique est une réalité pour de nombreux ménages de Seine-Saint-Denis. Le département reste marqué par une fragilité sociale forte : un tiers des moins de 30 ans y vivent sous le seuil de pauvreté. Le département de Seine-Saint-Denis lutte contre la précarité hydrique avec un dispositif baptisé « EcEAUnome », qui vise à distribuer 80.000 kits d’économiseurs d’eau aux particuliers en cinq ans. Il s’agit d’une sorte de « grille » apposée sur le robinet, qui, en mélangeant l’air à l’eau, en réduit le débit. A la clef, une facture réduite d’environ 250 euros par an et par ménage, promet le département, qui engage 2 millions d’euros sur ce projet. Le dispositif, qui touchera 13 % de la population, s’adresse essentiellement aux logements du parc privé (pavillon, copropriété).
 
Face à la précarité hydrique, la loi Brottes a été adoptée le 15 avril 2013 pour “préparer la transition vers un système énergétique sobre et portant diverses dispositions sur la tarification de l’eau et sur les éoliennes”. Elle instaure des avancées pour la fourniture en eau grâce au droit au logement, comme l’interdiction des coupures d’eau des ménages en cas d’impayés. Elle instaure aussi une tarification sociale de l’eau permettant aux collectivités de faire bénéficier d’un tarif d’eau plus faible pour les ménages précaires. En 2019, 50 collectivités étaient volontaires pour faire l’expérimentation, comme la métropole de Rennes, représentant 11 millions d’habitant-es. Avant cette loi, dès 2012, un système d’aide avait déjà été testé par la ville de Dunkerque.
Une ressource en eau moins disponible, c’est une probabilité de conflit plus élevée. Des “batailles de l’eau” commencent déjà à voir le jour en métropole : Libération mentionne par exemple le barrage de Sivens (dont la lutte a causé la mort de Rémi Fraisse), les nappes souterraines de Vittel, les retenues de “substitution” en Sèvres niortaise, la digue du lac de Caussade etc.
 
La diminution des quantités d’eau disponibles crée des conflits autour de l’eau, les différents besoins entrant en confrontation. Ces conflits sont déjà des réalités dans certains départements comme les Deux-Sèvres en raison de la surexploitation des ressources en eau par les agriculteurs. Le collectif “Bassines non merci” se bat contre la construction de 16 réserves d’eau le long de la Sèvre niortaise qui serviront aux exploitations agricoles. Ces “bassines” seront alimentées par l’eau sera prélevée du sol en hiver pour une gestion plus durable de la ressource en hiver selon les agriculteurs. Le collectif “Bassines non merci”, présent sur la carte des luttes de Reporterre, dénonce le coût de ces installations, financées à 70% par l’argent public. Pour les militant-es, un tel projet risquerait d’encourager un agriculture intensive très gourmande en eau, dans une région, le Marais poitevin, qui fait déjà face à d’importants manques d’eau chaque été. En effet, pour Sami Bouarfa, directeur adjoint Aqua de l’Inrae, les projets de retenues d’eau, comme les bassines maintiennent “une agriculture orientée vers une dépendance à cette eau artificielle”. Pour lui, il faut miser sur les solutions qui reposent sur la nature et se baser sur le schéma “préserver, restaurer et multiplier”.
 
Dans les Vosges également, l’entreprise Nestlé pompe dans les eaux de Vittel malgré les niveaux bas de la nappe phréatique. L’installation de la multinationale dans la région dès les années 1980 a toujours été source de conflit. Entre contrôle du foncier et possibilité d’emplois pour les habitant-es de la région, l’entreprise noyaute le territoire. Pourtant, les ressources en eau diminuent à la fois en qualité et en quantité avec un déficit annuel d’un million de m3. Pour Jean-François Fleck, président de Vosges Nature Environnement, “la mainmise abusive de l’industriel sur cette richesse naturelle est en contradiction avec la loi sur l’eau de 1992”. L’association demande que chaque prélèvement dans la nappe phréatique, qui est mise en danger à l’horizon 2050, soit soumis à des autorisations et études d’impact.
En France, dans l’agriculture, secteur qui occupe 45% du territoire, c’est essentiellement pour l’irrigation que l’eau douce est utilisée, ainsi que l’alimentation du bétail (en moins grande proportion). L’eau pour l’irrigation est principalement utilisée pour la culture de maïs (41% des surfaces irriguées) et de blé (17%). La surface agricole irriguée représente environ 6% de la surface agricole utile en 2010, les 94% restants étant essentiellement une agriculture pluviale, sans nécessité d’irrigation. Certaines pratiques agricoles ont des impacts sur la qualité de l’eau, comme l’utilisation d’engrais et produits phytosanitaires.
 
Dans un rapport, l’Agence européenne de l’environnement indique qu’un “tiers de l’eau utilisée en Europe est destiné au secteur agricole”. Dans les pays du sud de l’Europe (Grèce, Espagne, sud de la France, Italie), où l’utilisation de l’eau pour l’irrigation est d’environ 80%, il est nécessaire d’avoir une meilleure gestion de l’eau : au niveau politique, dans le passé, les subventions agricoles obtenues par la Politique agricole commune (PAC) de l’UE ont indirectement encouragé les fermiers à produire des cultures consommant beaucoup d’eau. Plus de formations et de partage de connaissances sont primordiales pour une meilleure gestion de l’eau. Enfin, le changement de pratiques agricoles pour utiliser moins d’engrais et de pesticides et ainsi avoir une eau moins polluée doit être soutenu.
 
A l’image de la lutte des bassines dans les Deux-Sèvres, l’agriculture est à la fois coupable et victime de la diminution et de la quantité et qualité de la ressource en eau. En effet, selon le GIEC, “la productivité des systèmes agricoles et forestiers et des pêcheries dépend en grande partie de la distribution temporelle et spatiale des précipitations et de l’évaporation, ainsi que de la disponibilité des ressources en eau douce pour l’irrigation, en particulier pour les cultures”.
 
Un agriculteur en conversion biologique en Basse-Normandie témoigne des pratiques plus respectueuses de la ressource en eau à travers le bio. “Les pratiques comme la couverture hivernale, les cultures associées, la plantation de haies favorables aux auxiliaires de culture améliorent la structure et la qualité des sols, préviennent les ruissellements, retiennent l’humidité dans les sols et servent d’habitats à la biodiversité. Elles sont donc toutes indiquées pour rendre les cultures plus résilientes face aux dérèglements climatiques”.
1/6ème de la population mondiale dépend de l’eau douce apportée par les glaciers à la saison sèche”. Le dérèglement climatique provoque la fonte des glaces et une dilatation thermique des océans, entraînant la montée du niveau de la mer. Des scientifiques évaluent cette montée entre un à 3 mètres d’ici 2100. Le phénomène tend également à accentuer la fréquence et la puissance des catastrophes naturelles, avec une incidence directe sur la ressource en eau. Sécheresses et inondations accrues, diminution ou augmentation des précipitations, cyclones, causent pollution ou salinisation des cours d’eau et des eaux souterraines, ou encore une raréfaction de la ressource, avec des effets directs sur les écosystèmes et la vie humaine. D’ailleurs, dans le rapport de GREC Sud, le groupe régional d’experts sur climat de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, les scientifiques s’interrogent sur les conséquences de l’accès à l’eau potable dans la région dans les décennies à venir et particulièrement sur les risques d’intrusion saline dans les nappes phréatiques côtières “pouvant altérer la qualité des eaux douces”.
 
Les variantes des précipitations ont des conséquences directes sur la ressource en eau : en effet, dans certaines régions, les précipitations tendent à diminuer. A titre d’exemple, la recharge des eaux souterraines dans l’ouest de la région Occitanie serait affectée à plus de 50% à horizon 2050, d’après le rapport “Impacts du changement climatique dans le domaine de l’eau” de l’Agence de l’eau de Rhône Méditerranée Corse (2016). Si le niveau d’eau venait à baisser de manière drastique dans les eaux souterraines mais aussi les rivières, la quantité d’eau disponible pour les prélèvements, pour l’usage domestique, pourrait s’avérer insuffisante pour couvrir les besoins de la population.
 
Dans d’autres régions, au contraire, l’augmentation des précipitations accroît l’érosion et la mobilité des polluants. Le ruissellement provoqué par les précipitations accrues, notamment dans les hautes latitudes, charrie les polluants (agents pathogènes et autres polluants dissous, comme les pesticides) jusqu’aux aquifères souterrains et eaux de surface. L’érosion accrue conduit aussi à la mobilisation des polluants absorbés tels que le phosphore et les métaux lourds. En outre, l’intensité des précipitations rend la gestion de l’eau plus complexe en saturant les systèmes de récupération et de traitement des eaux usées. Ajoutons que le volume d’eau dépollué rejeté dans les rivières correspond à leurs capacités de dilution actuelles. Ainsi, des variations importantes de débit pourraient rompre cet équilibre et rendre les cours d’eau plus vulnérables aux pollutions.
 
Effets des fortes inondations sur la ressource en eau : Là encore, l’impact principal des inondations sur la ressource en eau est lié à la pollution qui en découle et se répand. Les contaminations sont nombreuses dans les zones industrielles, agricoles ou urbaines, à cause des carburants de voitures, des hydrocarbures des cuves enterrées, des produits ménagers entreposés dans des zones inondées, etc. La santé des personnes est directement menacée.
 
Le cas des submersions marines doit aussi être étudié car l’apport excédentaire d’eau de mer entraîne la salinisation d’écosystèmes qui ne sont pas adaptés au sel. Les conséquences sont nombreuses : destruction de la faune et de la flore, pollution des milieux qui peut perdurer longtemps après le retrait des eaux. Pour la production d’eau potable par exemple, la pollution implique des traitements supplémentaires, et génère des surcoûts. Les activités qui ont lieu directement dans le milieu – comme la pisciculture – sont les premières impactées. Le dérèglement climatique augmente la contamination de l’eau douce par la mer : sur le littoral, les réserves souterraines d’eau douce ne sont pas isolées de l’eau de mer du fait de la porosité des roches. L’élévation du niveau des mers renforce ce phénomène de contamination de l’eau douce.

Selon le Réseau Action Climat, les personnes pauvres sont plus exposées aux inondations et ce déséquilibre s’agrandit dans les zones urbaines. Entre 1970 et 2010, alors que la population globale a cru de 87%, la population dans les zones inondables a augmenté de 114% et celle des zones exposées aux cyclones de 192%. Ces constats sont liés à des problématiques complexes. Bien que certaines régions soient plus exposées, elles restent attractives car elles offrent plus de services, de transports et aussi de travail, comme Bombay

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